Comment jugez-vous le moral des Français ?

Calamiteux ! Je le constate tous les jours, c’est affolant. Mes consultations se sont transformées en un bureau des plaintes, des pleurs, de l’angoisse et de la colère. Même moi qui suis plutôt connu pour mon optimisme, je suis un peu débordé par cette situation. C’est très inquiétant.

Paradoxalement, au printemps, pour des proches mais aussi des patients, le moment avait été fécond. Nous vivions pourtant un traumatisme, quelque chose d’inattendu auquel nous n’étions pas préparés, mais la plupart avaient réussi à réinventer leur quotidien, même parmi les patients en psychiatrie à l’hôpital, souffrant de patho­logies plus lourdes. Aujourd’hui, ces derniers sont atterrés, détruits à la perspective du deuxième confinement. Je fais le même constat pour mes patients au cabinet. Tout le monde est catastrophé.

Qu’est-ce qui fait la différence entre les deux confinements ?

La temporalité, je pense. La première fois, nous avions un horizon, l’été, puis une rentrée qu’on imaginait pleine d’opportunités – contre toute vraisemblance, on le constate aujourd’hui. Cette fois, nous sommes dans un tunnel, sans perspective de lumière. C’est d’autant plus angoissant qu’on va vers l’hiver, le froid, vers des fêtes de fin d’année qui n’auront peut-être pas lieu. On sent monter une angoisse et une colère dont on ne sait pas très bien contre qui elle s’exprime vraiment. Le tissu social paraît complètement effiloché, voire déchiré, on s’invective, on perd son sang-froid, jusqu’au gouvernement. Tout cela laisse la part à la désinformation, aux théories du complot pour certains…

« On sent monter une angoisse et une colère dont on ne sait pas très bien contre qui elle s’exprime vraiment »

Quel effet cumulatif les attentats terroristes ont-ils provoqué ?

La décapitation d’un professeur a tout de suite enclenché quelque chose, et d’abord une accentuation de la peur, une peur protéiforme et invisible. Le virus frappe dans des conditions encore mal connues. Quant au djihadiste, on l

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