CHAQUE guerre a ses mérites, chantait Brassens, qui ne cachait cependant pas son penchant pour celle que l’on qualifie de « Grande » :

Moi, mon colon, cell’ que j’préfère,

C’est la guerr’ de quatorz’-dix-huit !

Cette gigantesque boucherie avait éloquemment démontré ce que dirait Barack Obama en 2014, alors que les États-Unis s’embourbaient en Afghanistan : « Il est plus difficile de mettre fin à une guerre que de la déclencher. » Une chose, en effet, est de faire taire les armes par un cessez-le-feu, une reddition militaire ou un armistice ; une autre est de faire la paix.

Si on a dansé le 11 novembre 1918 dans les rues de Paris, où les cloches des églises célébraient la victoire, une France profondément endeuillée faisait le compte : 1,4 million de soldats tués, dont 700 000 aux corps réduits en bouillie et non identifiés et plus de 4 millions de blessés, gazés ou mutilés, dont 15 000 « gueules cassées » aux visages méconnaissables.

Le traité de Versailles n’a pas suffi à rétablir la paix : entre 1918 et 1923, il a fallu quinze autres traités (Brest-Litovsk, Sèvres, Rapallo, Lausanne…) pour régler les conflits entre les différentes parties. Des règlements souvent bancals, qui n’ont d’ailleurs pas tardé à être remis en question. Et la « der des ders » a été suivie de 39-45…

Pourtant, rien n’interdit à un traité de mettre vraiment fin à une guerre. Ainsi, la paix israélo-égyptienne conclue en 1979 a été scrupuleusement respectée de part et d’autre, malgré toutes les tueries survenues dans la région au cours des quarante-cinq années écoulées. Mais, aujourd’hui, pour la quasi-totalité des Égyptiens, les Israéliens restent des ennemis. Une chose est de concilier les intérêts de deux États ; une autre est de réconcilier les peuples. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !