Dans les années soixante, je ne sais pas si tu te souviens…

– Je n’étais pas né.

– Ah oui, c’est vrai… Bon, en ce temps-là, Bourvil faisait un tabac sur les ondes en chantant d’une voix nasillarde : « Tout ça n’vaut pas / Un clair de lune à Maubeuge / Tout ça n’vaut pas / Le doux soleil de Tourcoing. »

– Et alors ? Quel rapport avec le sujet qui nous occupe ?

– Cette chanson de comique troupier amusait tout le monde. Même dans le Nord. Ceux qui n’avaient pas la chance de vivre sur la Côte d’Azur en prenaient leur parti. C’était dans la nature des choses. Aucune France insoumise ne songeait à déterrer la hache de guerre contre cette injustice climatique.

– Tu veux dire qu’aujourd’hui…

– Aujourd’hui, beaucoup d’habitants de la zone H3, la plus froide de France, ne cracheraient pas sur deux ou trois degrés de plus en hiver. Il y a une justice !

– Ce n’est pas drôle. Au lieu de rigoler, votre génération de baby-boomers aurait mieux fait de ne pas se gaver de pétrole. Avec vos bagnoles qui n’ont cessé de grossir, vos voyages touristiques au bout du monde, vos piscines individuelles et tout le reste, vous avez brûlé la chandelle par les deux bouts. Vous avez joyeusement saccagé la planète. Vous nous léguez une catastrophe dont les plus grandes victimes seront naturellement les plus pauvres : ceux qui ont le moins contribué à ce désastre sont ceux qui vont en subir les pires conséquences. 

– Je reconnais qu’il y a trente ou quarante ans des termes comme « effet de serre » ou « bilan carbone » ne faisaient pas partie de notre vocabulaire. Nous n’avions même pas conscience que nous pouvions modifier la température de la Terre.

– Vous êtes coupables de non-assistance à planète en danger.

– Oui, oui, peut-être… Disons responsables mais pas coupables. 

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