Mon épouse est une réfugiée climatique. Elle ne supporte pas la grisaille parisienne une partie de l’année. Ni la cabine de bronzage ni le hammam de notre maison de Neuilly ne peuvent remplacer le soleil qu’elle aime tant.

Alors, il lui arrive de réunir subitement quelques amis et de partir pour Saint-Barth. À dix heures de vol de Paris, c’est son paradis. Là-bas, le soleil brille comme de l’or toute l’année. Une mer de rêve : la température de l’eau turquoise ne descend jamais au-dessous de 28 degrés. À Saint-Barth, on se sent chez soi malgré le dépaysement, on oublie son statut de migrant. 

Notre villa, baptisée « Mon Refuge », n’a rien à voir avec les demeures somptueuses des stars de la jet-set, même si elle jouit d’une vue imprenable sur le lagon. On y vit simplement, à la bonne franquette, loin des paillettes du Yacht Club ou du Nikki Beach. Quelques langoustes grillées, accompagnées d’un petit vin blanc, font le bonheur de nos invités au bord de la piscine à débordement.

Mais je devrais en parler au passé. Depuis ce foutu ouragan, tout est différent. Certes, notre maison, construite sur de solides fondations, avec les meilleurs matériaux, s’est bien défendue : seule la toiture de l’une des deux annexes a été arrachée, si j’en crois le couple de domestiques qui nous sert admirablement depuis des années. Cependant, quelque chose s’est brisé dans nos cœurs. Plus rien ne sera comme avant. 

Nous n’irons plus à Saint-Barth. La mort dans l’âme, après avoir beaucoup pleuré, mon épouse s’est résignée à rouvrir notre villa de Saint-Tropez. 

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