Court-circuit
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De manière désordonnée mais très puissante, montent du pays mille rumeurs. Un jour on nous parle de « l’affaire Darmanin », le lendemain de « l’affaire Hulot », et nous savons bien que d’autres vont suivre puisque, on nous l’assure, la parole est libérée. Sur ces « affaires » qui n’en sont pas, dans la mesure où nous ne disposons à cette heure d’aucun élément matériel tangible, nous avons tous cependant notre petite idée et la France est devenue un immense café du commerce où chacun cause sans savoir.
Longtemps, durant les années 1980-2000, la justice et les médias ont incarné un tandem infernal. À la faveur d’un court-circuit magistral, un trio plus terrifiant encore est en train de naître, composé de l’opinion, des médias et de « plaignants ». L’irruption de ces derniers constitue la vraie nouveauté. Car ces « plaignants » et « plaignantes » veulent surtout désormais se faire entendre, nuire à leur bourreau présumé, se venger sur les réseaux sociaux. Pour solde de tout compte. Quant aux médias, ils médiatent et espèrent vendre. Quant à la justice, elle est provisoirement jugée défaillante (trop lente, trop scrupuleuse et parfois injuste).
Il y a de quoi être partagé. Car la lutte contre les agressions sexuelles est un impératif et, en même temps, la loi de Lynch une régression majeure. C’est tout un univers qui bascule, dont on mesurera un jour ce qu’il a d’essentiel : l’importance de la recherche professionnelle des preuves d’une culpabilité ; la nécessité du débat contradictoire qui est au cœur de tout système démocratique. Cela s’appelle la justice, dont on sait qu’elle n’est jamais parfaite mais qu’elle a le mérite d’avoir des règles avec des parties prenantes qui se surveillent et se contrôlent.
Rien de cela dans les « affaires » qui nous occupent. Rumeurs, ragots, on-dit… C’est une justice arbitraire qui se met en place. Une morale de la souffrance qui s’impose au détriment du droit. À nous de respecter cette souffrance et d’éviter l’inauguration d’une place de Grève virtuelle où il suffirait d’afficher un nom sur son portable et d’appuyer sur l’icône représentant un pouce tourné vers le bas.
« Le tribunal médiatique n’a pas de langage ni de code »
Denis Salas
Comment appréhendez-vous la libération de la parole sur les agressions sexuelles dans la sphère médiatique ?
J’y vois d’abord un phénomène de société. Les femmes portent une accusation vis-à-v…
Ces femmes qu’on ne voulait pas entendre
Manon Paulic
Quand un homme l’a touchée pour la première fois, Élise* avait 4 ans. Elle connaissait bien son agresseur, c’était son cousin. Dans la famille, les violences sexuelles sont un tabou. On en parle une fois, puis on laisse le silence s’installer aut…
[Rumeurs]
Robert Solé
Elle court, elle court… Vraie ? Fausse ? Nul ne le sait, mais chacun a sa petite idée sur la question. C’est le propre de la rumeur, née de géniteurs inconnus avant de connaître une multitude de parents adoptifs.
[Découvrez …
Ringard comme la justice
Sophie Gherardi
Attendons que la justice fasse son travail. Voilà bien la phrase la plus hypocrite qui soit. Attendre, mais qui attend, de nos jours ? Et la justice, on ne peut tout simplement pas compter dessus. La justice est lente, très lente, les raisons en sont connues : pas assez de…