Elle court, elle court… Vraie ? Fausse ? Nul ne le sait, mais chacun a sa petite idée sur la question. C’est le propre de la rumeur, née de géniteurs inconnus avant de connaître une multitude de parents adoptifs.

Au service de la vérité comme de l’erreur, elle peut tout faire : dénoncer un acte délictueux, révéler une liaison secrète, divulguer un mensonge… Éminemment démocratique, la rumeur est à la portée de tous. N’importe qui peut s’en saisir gratuitement, la modifier, l’enrichir et la propager, sans être obligé d’y croire. Elle s’orchestre ou se distille. Elle grossit, se nourrit d’elle-même comme boule de neige. Elle se répand de bouche à oreille, de smartphone en ordinateur, fait le tour de la ville ou du village planétaire. 

Son efficacité n’est plus à vanter. Alarmante ou farfelue, infâme ou absurde, la rumeur peut salir une réputation, provoquer une démission, détruire une carrière, parfois même pousser au suicide. Démentir ne fait que la renforcer. Se taire passe pour un aveu de culpabilité. Elle est insistante, tenace. Rien ne l’apaise. On aimerait lui tordre le cou, mais elle a la peau dure. Même une décision de justice, lavant un accusé de tout soupçon, ne suffit pas à la dissiper. 

La rumeur a naturellement plus d’écho et de crédit si elle est véhiculée par un média influent. Mais son vrai succès, c’est nous qui l’assurons. Elle pimente nos conversations, surtout quand elle concerne la vie privée d’un personnage public. Regarder par le trou de la serrure n’est pas réservé aux enfants. La rumeur ne montre rien : elle permet seulement d’imaginer – et c’est beaucoup plus fort – ce que d’autres auraient peut-être vu. 

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