Pour Jenner chaque épreuve est un succès nouveau.
Vainqueur, devant ses pas il chasse le fléau.
En vain dans ses fureurs une ignorance altière,
Un bandeau sur les yeux, insulte à la lumière ;
Le fanatisme, en vain contre lui déclaré,
Environne l’erreur de son rempart sacré ;
Où règne la raison, l’erreur est sans défense,
L’Angleterre examine, approuve et récompense.
[…]
Mais volons sur ses pas aux rives de la France.
Le bruit de ses bienfaits vainement le devance ;
La folle confiance, aux regards effarés,
Adopte les récits par l’effroi consacrés.
Des crimes de Jenner quelle absurde chronique !
L’un croit trouver la mort dans ce philtre magique ;
L’autre croit voir sa fille, errante aux pieds des monts,
Fouler, nouvelle Io, le thym et les gazons ;
Et chacun, s’obstinant dans l’erreur qui l’obsède,
Veut expirer du mal, par la peur du remède ;
Un plus hardi paraît, et seul mieux inspiré,
Hasarde un premier pas trop longtemps différé.
Son audace est heureuse, une autre se rassure ;
Un troisième après lui veut tenter l’aventure.
Chaque jour est marqué par de nombreux essais :
Paris donne l’exemple au reste des Français ;
Aux leçons de Paris la province est docile,
Et bientôt le village ose imiter la ville.
Loin du toit fastueux par le riche habité,
J’ai vu dans les hameaux la sainte humanité,
À des travaux pieux consacrant ses lumières,
De la contagion affranchir les chaumières.
[…]

Extraits de La Découverte de la vaccine, poème, impr. d’Éverat, 1815

 

Au tournant du XIXe siècle, l’Anglais Edward Jenner conçoit le premier vaccin contre la variole. Des poèmes didactiques accompagnent les campagnes de vaccination. Casimir Delavigne, précurseur du romantisme, décrit ici les résistances des populations françaises, que le virus amputait pourtant de 50 000 à 80 000 vies par an. 

 

 

 

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