La maternité, c’est sacré. Pour rien au monde, industriels et commerçants ne laisseraient passer la fête des Mères. La gamme des cadeaux suggérés ne cesse de s’élargir. Aux bouquets de fleurs, coffrets gourmands, bougies parfumées ou lampes relaxantes s’ajoutent des objets plus en accord avec l’esprit du temps. Ainsi, cette année, certains pourront offrir à leur maman chérie une sonde périnéale connectée (199 €), « destinée à renforcer un muscle qui a tendance à se relâcher et perdre en tonicité ». Grâce à « la technologie du biofeedback », ce dispositif relié à une application mobile permettra à l’heureuse bénéficiaire, « assise sur son canapé, de visualiser les contractions de son périnée en temps réel, et c’est tout son quotidien qui sera sublimé ».

Jusqu’à quand va-t-on ignorer les arrière-arrière-grand-mères ?

Mais les grands-mères, alors ? Aucune fête les concernant n’a été décrétée par les pouvoirs publics. Il a fallu que la marque Café Grand’Mère en prenne l’initiative en 1987 pour que les mamies, qui sont mères à la puissance deux, soient célébrées à leur tour chaque premier dimanche de mars. L’industrie et le commerce ont aussitôt épousé cette riche idée. Et, là aussi, la gamme des produits s’est étendue. À une octogénaire, on n’est pas obligé d’offrir une ceinture chauffante ou un enfile-chaussettes. Des fabricants de jouets intimes n’ont pas attendu un colloque professionnel réuni à Paris en 2015 sur le thème « Des sex toys en maison de retraite ? » pour veiller à l’épanouissement des résidentes en Ehpad.

Je ne veux pas compliquer les choses, mais chacun sait que les arrière-grands-mères sont de plus en plus nombreuses. Quelques-unes comptent même une génitrice en vie, ce qui fait des familles de cinq générations. Jusqu’à quand va-t-on ignorer les arrière-arrière-grand-mères ? Si une fête leur était consacrée, n’est-ce pas tout leur quotidien qui en serait sublimé ? 

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