« Une femme met neuf mois à devenir autre qu’elle-même, à se séparer de cette altérité, à la nourrir et lui devenir une source de lait et de miel. » Sylvia Plath se voulut une mère et une épouse parfaite, en même temps que grande poétesse. Son œuvre questionne l’injonction à la maternité – les angoisses et les joies.

Amour, l’amour a réglé le rythme de ton cœur comme une grosse montre d’or.
La sage-femme a giflé les plantes de tes pieds, et le pur cri de toi
Pris sa place aussitôt parmi les éléments.

Nos voix résonnent à la gloire de ta venue. Statue nouvelle
Dans un musée rempli de courants d’air. Ta nudité
Menace notre sécurité. Nous t’entourons comme des murs ébahis. 

Je ne suis pas plus ta mère 
Que le nuage qui distille un miroir où longuement se refléter
Avant de disparaître au gré du vent.

Toute la nuit ton souffle de papillon
Vibre au milieu des roses toutes roses. Je m’éveille et j’écoute :
Un océan lointain roule dans mon oreille.

Un seul cri et je saute hors du lit, trébuche, bovine et florale
Dans ma chemise de nuit victorienne.
Tu ouvres une bouche aussi nette qu’une gueule de chat. La vitre

Pâlit et ravale ses étoiles. Alors tu essaies
Ta poignée de notes ;
Les voyelles lumineuses s’élèvent comme des ballons.

Ariel, traduit de l’américain par Valérie Rouzeau
© Éditions Gallimard, 2009

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