Devant les candidats de son mouvement politique La République en marche ! (REM), Emmanuel Macron n’y est pas allé par quatre chemins : « Le renouvellement que vous représentez devant moi n’a jamais été réalisé avant, sous la Ve République. » Premiers visés, dans l’esprit du nouveau président de la République : les représentants de la « société civile » dont on évalue le nombre à 52 % des candidats estampillés REM. Quelques jours plus tard, le chef de l’État annonçait la composition du premier gouvernement de son quinquennat, en présentant dix des vingt-deux ministres comme issus de la « société civile ». 

La notion de « société civile » est loin d’être nouvelle ; en revanche, la place qu’elle occupe aujourd’hui dans la tentative de renouvellement politique est massive et sans précédent. Si la greffe prend, à la suite des prochaines élections législatives, la représentativité des élus aura gagné sur la représentation nationale classique. La démocratie représentative, en pleine crise, tirera son épingle du jeu. 

Le terme de « société civile » est aussi vieux que la démocratie. Dès le Ve siècle avant notre ère, Aristote, dans Les Politiques, en parle déjà comme d’une société organisée par des liens juridiques, qui s’oppose à la famille. C’est l’humanisme du XVIe siècle qui transmet l’expression que nous connaissons aujourd’hui, traduite du grec puis du latin. Le XVIIIe siècle la décrit d’abord comme une « société civilisée ». 

Tout s’accélère au XIXe siècle, lorsque Hegel insiste sur les liens qu’elle entretient avec l’économie. Pour son bon fonctionnement, la société civile a aussi besoin de l’État, et des normes juridiques qu’il produit. On mesure alors le rapport de force – on peut dire la conflictualité – entre la société civile, largement en phase avec les problématiques économiques et sociales, et l’État. La jeune IIIe République ne se r&e

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