Sédimenter. Je voudrais vous proposer ce verbe comme une clé ouvrant de nouveaux imaginaires. Les humanités environnementales – les sciences humaines et sociales qui prennent l’environnement pour objet – se sont souvent intéressées à la question du vivant pour décrire cette période charnière que constitue l’anthropocène. À juste titre, bien sûr. Mais je crois fort en l’idée qu’une relecture complémentaire de l’histoire du monde sous l’angle minéral pourrait offrir de nouvelles perspectives. Nous n’avons cessé, en tant que civilisation moderne, de mobiliser toujours plus les sédiments, ces dépôts de particules qui tapissent les fonds aquatiques. Très tôt, Homo sapiens les a manipulés, les a déplacés en modifiant les cours de fleuves. Bien avant le néolithique, il a habité au bord des rivières, tantôt en s’adaptant à son sol, tantôt en le contraignant pour servir ses propres besoins. Le long du Nil, de l’Indus, du grand fleuve Jaune, toutes les civilisations ont modifié la géologie des lieux qu’elles ont habités. Toutes ont provoqué des ruptures au niveau des couches sédimentaires, ce qu’on appelle des discordances

Vous avez aimé ? Partagez-le !