Chaque matin, rangés ici bien en ligne,
absorbés par les mille exigences de la vie,
précipités, pressés, compressés
sur les passerelles, dans les bus bondés,
nous sommes les tristes visages
qui rarement sourient encore, ou
pour un instant méditent
le temps qui nous a vomis
à Empress Place ou Orchard Road,
rompus. Et comme des machines
nous emplissons le vide que nous avons créé.

Quand arrive le soir, nous nous retrouvons,
face à face de cendres brûlées un demi-jour,
puis nous voici frais à nouveau :
sommeil, TV, vidéo,
la vie ici est confortable. Surtout ne pas penser.
Ne pas poser de question – demain nous recommencerons
la routine que nous avons créée.

Nous avons construit une prison,
et nous nous y détenons de plein gré.

 

Poème proposé par LOUIS CHEVAILLIER

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