Ce sont les gares, les lointaines gares,
Où l’on arrive toujours trop tard.

– Belle-maman, embrassez-moi,
Embrassez-moi encore une fois,
Et empilons-nous comme des anchois
Dans le vieil omnibus bourgeois ! –

Ouf, brouf,
Waterproofs,
Cannes et parapluies,
Je ne sais plus du tout où j’en suis…

Voici venir les hommes d’équipe,
Qui regardent béatement, en fumant leurs pipes.

Le train, le train que j’entends,
Nous n’arriverons jamais à temps,
(Certainement !) –

– Monsieur, on ne peut plus enregistrer vos bagages,
C’est vraiment dommage ! –

La cloche du départ, oui, j’entends la cloche ;
Le mécanicien et le chauffeur ont un cœur de roche,
Alors, inutile d’agiter notre mouchoir de poche...

Ainsi les trains s’en vont, rapides et discrets,
Et l’on est très embêté, après. –

Flûtes, La Revue blanche, 1898

 

 

Le train accompagne au XIXe siècle la progression du tourisme. Promis à la carrière administrative avant de choisir le journalisme et la bohème, Franc-Nohain observe les mœurs nouvelles de la bourgeoisie provinciale. Qui ne cherche pas dans le voyage à plonger dans l’inconnu, mais plutôt « la santé, la fraîcheur, / le repos, et le lait des fermes ».

 

 

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