CHAQUE année, des pétitions circulent sur Internet pour dénoncer la difficulté d’une épreuve du baccalauréat, réclamer son annulation ou un assouplissement des critères de notation. Ces lycéens en colère ne sont pas tous des cancres. La plupart du temps, dans le cas de la philo par exemple, ils se résignent à traiter des sujets qui les dépassent largement. Combien d’adultes réussiraient à disserter sur des thèmes aussi complexes que : « Le désir est-il la marque de notre imperfection ? » (série S, 2018) ou : « Est-il possible d’échapper au temps ? » (série L, 2019) ?

L’affaire qui nous occupe donne parfois lieu à des questions classiques du genre : « L’histoire est-elle une science ? » ou : « Peut-on dire que l’histoire se répète ? » Le bon élève sait y répondre par un « non » argumenté, puis un « oui, mais », et enfin une synthèse à peu près cohérente. Il est moins à l’aise quand on lui demande si « l’objectivité de l’histoire suppose l’impartialité de l’historien » (série L, 2009) ou si « faire le récit de l’Histoire, c’est raconter des histoires » (série L, 2016).

On ne saurait trop mettre en garde les lycéens contre ce passage du singulier au pluriel. Là où l’anglais dispose de deux mots (history et story), le français n’en a qu’un. D’où des confusions regrettables, surtout avant une élection. Les candidats au bac ont intérêt à bien lire le sujet avant d’établir un plan en trois points. Quant aux candidats à l’Élysée, trop attachés à leurs plans de com, ils ne devraient pas faire d’histoires à tout propos, et encore moins raconter des histoires. On n’attend pas d’eux qu’ils réécrivent le passé, mais qu’ils améliorent notre quotidien, dessinent l’avenir et marquent le monde de leur empreinte. Bref, qu’ils fassent l’Histoire. 

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