Ma première rencontre avec Vladimir Poutine s’est tenue le lendemain matin, dans sa datcha en banlieue de Moscou. J’étais accompagné par Jim Jones* ainsi que par nos spécialistes de la Russie, Mike McFaul et Bill Burns. Ayant eu par le passé quelques contacts avec Poutine, Burns m’a conseillé d’éviter un trop long exposé initial. « Il est très sensible à tout ce qu’il perçoit comme un affront, m’a-t-il expliqué. Et, dans son esprit, c’est lui le dirigeant le plus expérimenté. Le mieux serait peut-être de commencer en lui demandant ce qu’il pense de l’état des relations entre les États-Unis et la Russie, histoire de lui permettre de vider son sac. »

Après avoir franchi un imposant portail et remonté une longue allée, nous sommes arrivés devant un véritable château au pied duquel Poutine nous attendait pour l’indispensable séance photo. Physiquement, il n’avait rien de remarquable : petit et trapu – une carrure de lutteur –, une fine chevelure blond-roux, un nez saillant, des yeux clairs et vigilants. Tandis que nous échangions quelques civilités, j’ai remarqué chez lui une certaine désinvolture, une indifférence exercée dans la voix, indiquant qu’il avait l’habitude d’être entouré de subordonnés et de solliciteurs. C’était un homme accoutumé au pouvoir.

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