Votre essai Dans la classe de l’homme blanc est une étude de l’enseignement du fait colonial. Comment celui-ci a-t-il évolué ?

Dans ce livre, je fais le constat que le contenu de cet enseignement est passé sous surveillance sociale et politique depuis les années 1990, du fait des débats publics et politiques et de son caractère sensible. Cette vigilance des concepteurs de programme s’est traduite par une forme d’aseptisation de la question coloniale dans les programmes scolaires. Il serait faux en effet de prétendre que le fait colonial n’est pas enseigné, faux également d’y voir un enseignement partisan, et faux tout autant de parler de « tabous », tant les choses sont plus complexes. Un enseignement aseptisé signifie qu’il y a un souci de refroidir un sujet « chaud » en tentant de donner un point de vue équilibré sur les événements. Or, dans l’esprit des rédacteurs de programmes ou des concepteurs de manuels scolaires, l’équilibre est souvent confondu avec la « symétrie ». Ainsi, on va montrer la violence des tortures perpétrées par l’armée française, mais les mettre immédiatement en lien avec celle du FLN. Ce faisant, la vérité historique n’est pas respectée, car on gomme le caractère officiel d’une politique basée sur la torture.

Une autre façon d’aseptiser le sujet est de rendre une question non obligatoire. Par exemple, au collège, on demande de prendre « un exemple au choix » pour étudier la colonisation. Au lycée, on a cantonné les questions les plus chaudes, notamment les enjeux mémoriels, à la spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques. De manière générale, qua

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