Faire descendre de grands hommes de leur piédestal est considéré par certains comme un moyen de « décoloniser l’espace public ». Même un abolitionniste convaincu comme Victor Schœlcher a vu deux de ses statues déboulonnées en Martinique, sous prétexte qu’il était malgré tout un colonialiste et que l’abolition de l’esclavage ne fut pas de son seul fait.

S’il fallait les juger avec nos critères d’aujourd’hui, la plupart des acteurs de l’histoire de France passeraient à la trappe. Et tout dépend de la manière dont on les observe. Colbert était-il l’auteur du « code noir » réglementant l’esclavage dans les colonies ou le réformateur de l’État ? Jules Ferry était-il l’homme appelant à « civiliser les races inférieures » ou le père de l’instruction publique ? 
C’est une décapitation qu’a subie la statue de Joséphine à Fort-de-France en 1991, parce que l’épouse de Napoléon avait incité celui-ci à rétablir l’esclavage. Plutôt que de supprimer le monument, Aimé Césaire, alors maire de la ville, a choisi de laisser l’ex-impératrice sans tête et de la recouvrir d’une peinture rouge symbolisant le sang des victimes.

Faut-il, comme le suggèrent certains, ériger des contre-monuments à côté de ceux qui posent problème ? Plus sérieusement, des historiens conseillent d’expliquer en quelques phrases, gravées sur une plaque, qui était réellement le grand homme statufié.

Mais on veut aussi débaptiser des rues, des places, des écoles… À l’exemple des États-Unis qui sont, une fois de plus, en avance sur nous. Ainsi, la Société américaine d’ornithologie vient d’identifier plus de 150 oiseaux dont les noms vernaculaires sont associés à des savants « problématiques ». Déjà, le plectrophane de McCown est devenu le plectrophane à gros bec. Il était temps ! 

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