« Tous les peuples qui veulent vivre doivent avoir un minimum de volonté de puissance, de consentement à la violence. Lorsqu’on se trouve en face d’États qui prétendent faire un nouveau partage des terres, dont les propagandistes répètent que les États démocratiques sont corrompus, il n’y a pas d’autres moyens de leur résister que de leur montrer que l’on est capable des mêmes vertus qu’eux. Mais si l’on manifeste ces mêmes vertus dans un but différent, je ne crois pas que l’on perde ses raisons de résister.

Je ne veux pas sous-estimer la gravité de la question : si l’on suppose une guerre pour la défense des démocraties, nul ne peut dire que les démocraties sortiront vivantes de cette guerre. Je ne veux pas avoir l’air, si peu que ce soit, de présenter un tableau qui farde la réalité. Nul ne peut savoir ce qui sortira de l’emploi des moyens indispensables à la résistance.

À l’heure présente, c’est une pure question de nécessité. Il faut le comprendre, comprendre aussi le danger qu’implique cette nécessité, y parer le mieux possible, mais ne pas invoquer ce danger pour refuser les disciplines indispensables. »

« États démocratiques et États totalitaires » (juin 1939), repris dans Penser la liberté, penser la démocratie, « Quarto », Gallimard, 2005 © Dominique Schnapper

 

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