La guerre donc. Avec ses scènes et son lexique ressurgis d’une histoire qu’on croyait à jamais enterrée en Europe. Offensive militaire russe. Résistance ukrainienne. Offensive russe élargie. Bombardements. Frappes dites chirurgicales. Colonnes de chars. Combats de rue. Couvre-feu. Civils tués et blessés. Dizaines de milliers de réfugiés sur les routes. Déploiement des forces de réaction de l’Otan « au titre de la défense collective ».

Cette guerre que la diplomatie n’aura pas su empêcher semblait difficile à imaginer. Elle est pourtant la réalité du peuple ukrainien depuis qu’en pleine nuit du 23 au 24 février, sur les écrans de la télévision russe, Vladimir Poutine a annoncé une « opération militaire spéciale » en Ukraine. Une heure après, les premiers missiles russes s’abattaient sur les grandes villes du pays. Kramatorsk, le centre administratif et militaire du Donbass, Marioupol, au bord de la mer d’Azov, et bien sûr Kiev, que le maître du Kremlin espérait bien voir tomber dans une Blitzkrieg de sang et de feu.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est devenu l’homme à abattre aux yeux d’un Poutine excédé par l’arrogance de l’ancien saltimbanque

Officiellement, il s’agissait de soutenir les deux républiques autoproclamées du Donbass. Mais nul n’était dupe des intentions réelles de Moscou, à commencer par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, devenu l’homme à abattre aux yeux d’un Poutine excédé par l’arrogance de l’ancien saltimbanque qui réussit dans la douleur, par son courage et celui de son peuple, à faire renaître comme jamais la nation ukrainienne.

Les prochains jours, ou les prochaines semaines, montreront si la force brutale l’emporte sur les appels aux négociations mâtinés de sanctions sans précédent à l’encontre de la Russie.

Après la question « Que veut Poutine ? » (le 1, no 385), nous avons voulu éclairer dans ce numéro les racines anciennes du conflit qui oppose la Russie d’aujourd’hui – et avant elle, l’URSS – à l’Ukraine. Une plongée historique qui montre comment le peuple ukrainien, différent du peuple russe par ses origines et sa langue, s’est formé dans une culture démocratique. Sa première constitution remonte à 1710, nous apprend ainsi l’historienne Galia Ackerman. Si l’Ukraine eut à souffrir du pire sous Staline – avec la liquidation de la paysannerie et la famine forcée connue sous le nom d’Holodomor (1932-1933) qui fit plusieurs millions de morts –, si Poutine n’a cessé de poursuivre sa visée de restauration impériale en Géorgie, en Biélorussie et maintenant en Ukraine – dont il accuse les dirigeants d’être des nazis voulant perpéter un génocide dans le Donbass –, cela n’exempte pas l’Occident de ses responsabilités. Aux nombreuses demandes russes de clarification sur les questions de sécurité et de frontières entre l’Est et l’Ouest, les Américains – à commencer par Obama – et les Européens ont, dans les années 2000, répondu par le mépris. La réponse de Poutine est devant nos yeux. 

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