Une séquence longue de plus de quatre mois vient de se refermer. Ouverte le 10 décembre avec l’allocution du président de la République depuis l’Élysée, en réponse à la crise des Gilets jaunes, elle a conduit la France à un exercice inédit d’introspection nationale, habituellement réservé aux périodes électorales. Il ne faut pas se leurrer : seule une petite minorité de nos concitoyens, a priori plutôt aisée, a participé au Grand Débat national lancé par l’exécutif, que ce soit sur la plateforme numérique, les cahiers de doléances ou lors des réunions locales. Mais c’est bien l’ensemble du pays qui depuis l’hiver, de ronds-points en déjeuners de famille, s’est penché sur les fractures françaises, a discuté impôts, institutions, écologie, mobilité. Tout cela est désormais derrière nous. Après tant de paroles, la France attend désormais des actes.

Le Premier ministre Édouard Philippe avait annoncé des mesures « puissantes et concrètes » lors de son discours à l’Assemblée nationale, la semaine dernière. Des mesures « radicales », censées renverser la table. Il faudra au moins cela pour convaincre les Français que l’exercice a porté ses fruits. 70 % d’entre eux estimaient que la montagne accoucherait d’une souris, comme le rappelle le politologue Jérôme Fourquet dans l’entretien qu’il nous a accordé. Et une proportion égale s’est déjà déclarée « insatisfaite » de la restitution faite par Édouard Philippe, qui a mis l’accent sur « l’exaspération fiscale » du pays. Baisser les impôts, oui, mais comment et surtout lesquels ? Car une large majorité de Français juge, selon un sondage Odoxa, que le vrai problème n’est pas tant le montant des impôts que leur répartition.

C’est là l’une des principales difficultés auxquelles est désormais confronté l’exécutif : comment répondre aux attentes d’un peuple « archipel », divisé dans ses conditions comme dans ses aspirations ? Comment avancer des propositions qui ne soient pas simplement un catalogue de mesures, mais servent un projet de société capable de relancer un récit commun ? Et surtout, comment convaincre les Français que leur voix a bien été entendue, que ce processus, vu par ses opposants comme une « mascarade », pourra apporter un vrai changement ? C’est à cette triple aune que seront jugées les annonces faites par Emmanuel Macron. Car si le Grand Débat vient de connaître son clap de fin, reste à savoir quelle nouvelle scène du quinquennat il va ouvrir. 

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