Alors que la crise des Gilets jaunes a mis au jour l’opposition frontale d’une partie de la population vis-à-vis du pouvoir et de son principal dépositaire, le Grand Débat a été présenté comme une tentative de réconciliation de la France avec elle-même. Dans une société obsédée par ses fractures – « archipélisée » pour reprendre l’expression de Jérôme Fourquet –, débattre pour exprimer ses attentes, ses priorités et ses critiques de l’exercice de l’État a été décrit par les principaux médias et l’ensemble des commentateurs comme une thérapie bienvenue et un exercice démocratique salutaire. Comment ne pas se réjouir de ces milliers de citoyens anonymes rassemblés partout dans le pays pour dialoguer et se rencontrer librement, illustrant le « pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple »? 

Au-delà du satisfecit légitime devant l’ampleur d’une participation inédite, plusieurs interrogations demeurent sur les finalités de cet exercice, alors que le Grand Débat doit faire l’objet d’annonces de la part du gouvernement. Le champ de la consultation a en premier lieu été restreint par le verrouillage des questions et des thématiques par le gouvernement.

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