Qu’a-t-elle dit ou fait ? Que n’a-t-elle pas dit, ou pas fait, pour devenir à ce point inaudible, pareille à une de ces minorités invisibles qu’elle s’est parfois obstinée à défendre ? Qu’a-t-elle fait de ses grands desseins fédérateurs ? Où donc s’est perdu le sens d’un idéal commun ? Pourquoi, en un mot, la gauche apparaît-elle désormais comme un angle mort de l’espace politique chamboulé par l’avènement du macronisme ? Le rouge et le rose, avec ou sans épines, ont beau faire tous leurs efforts pour virer au vert de l’écologie mise à toutes les sauces, c’est peine perdue. La gauche, à force de s’éloigner du réel, a fini de faire rêver. D’offrir un avenir « désirable », selon le mot de Benoît Hamon martelé dans le vide pendant sa campagne. 

Ce n’est pas le moindre de ses paradoxes. Le communisme a fait long feu. Le socialisme s’est dissous au contact du pouvoir. La social-démocratie s’est tant acoquinée au libéralisme qu’elle en est sortie défigurée, clamant à tout-va son amour pour l’entreprise. Quant à la gauche radicale, elle s’est donné le masque d’un populisme vindicatif et caricatural qui lui confère une inquiétante gémellité avec la droite extrême. Pas étonnant que les tenants de la « vraie gauche » se sentent crucifiés au vrai bois de la vraie croix. Ils voient s’effondrer tout ce à quoi ils ont cru, tout ce qu’ils ont pu réaliser au nom de leurs convictions. Il suffit d’écouter la maire de Lille Martine Aubry entonner le chant amer de la désespérance pour comprendre que le social – ne parlons pas de socialisme –, le généreux, le solidaire, le fraternel, tout ce lien et ce liant qu’incarnait naguère cette famille politique (malgré ses divisions), tout cet espoir de progrès mâtiné d’égalité a passé l’arme à gauche.

Alors, renaître ? Mais avec qui, avec quelles idées, par quelle impulsion, quand les leaders de partis confettis ne parviennent pas même à se parler ! S’il n’est d’homme ou de femme providentiel(le), sans doute la nécessité de repenser cette famille politique de fond en comble incombe-t-elle à celui qu’on appelait jadis le « peuple de gauche ». Le vertical a échoué. Place à l’horizontal pour dessiner un nouvel horizon. 

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