Nombreux sont ceux qui songent à changer de vie, rares sont ceux qui atteignent ce graal tant désiré et envié. Certaines clés nous permettent cependant d’accroître notre capacité à avancer sur ce chemin semé d’embûches…

Partir de notre vocation. Tout d’abord, il s’agit de trouver notre vocation. Non pas par dépit, mais par désir profond. Répondre à la question « quelle est ma vocation ? » revient à clarifier petit à petit ce qui nous touche et nous inspire profondément. Quels sont les événements et les rencontres qui, au cours de notre vie, nous ont touchés intensément, nous guidant vers une vocation qui nous dépasse ? Prendre conscience de ces moments importants du passé nous conduit à préciser dans quel sens nous souhaitons orienter le reste de notre vie. Prenons le cas d’Éric*, 33 ans, célibataire. Après une dizaine d’années en entreprise, il a profité d’une transition professionnelle pour progresser vers son rêve : écrire des scripts pour le cinéma. N’appartenant pas au sérail, les portes d’accès conventionnelles – stages, écoles, réseaux – lui étaient de prime abord fermées. Jusqu’à ce qu’il comprenne que son expérience professionnelle était au contraire une force qui rendrait sa contribution unique. Un point essentiel est de clarifier notre telos, notre pourquoi, ce qui nous anime, et progressivement nos valeurs hautes, celles qui dirigent notre vie et que, parfois, par peur de rejet de la société, nous n’osons pas assumer. Ces valeurs s’activent lorsque nous ressentons qu’une énergie d’envie, d’enthousiasme ou de certitude profonde nous remplit de l’intérieur. Elles sont aussi ce sur quoi nous focalisons le plus notre attention et nos pensées. Elles sont propres à chacun. Pour certains – la mère de John Fitzgerald Kennedy –, c’était d’« élever des enfants qui dirigeront le monde » ! Pour d’autres comme Éric, c’est plus humblement de permettre aux gens, grâce à leur passion, de plonger dans des histoires et de s’ouvrir ainsi à de nouvelles cultures. « La comparaison est de l’ignorance, l’imitation du suicide. » Cette pensée de Ralph Waldo Emerson (1803-1882), chef de file du mouvement transcendantaliste américain, prend tout son sens avec cette première clé : il ne tient qu’à nous d’approfondir notre vocation.

Confronter le rêve et la réalité. S’imprégner de sa nouvelle – future – identité est fondamental, en confrontant son rêve à la réalité du terrain. Il faut se projeter dans le quotidien auquel on aspire, avec son nouveau style de vie, ses avantages et ses inconvénients. Ana*, une Allemande vivant en France, a ainsi « profité » d’un licenciement dans son entreprise pour effectuer un grand virage. Elle a quitté la région parisienne pour rejoindre le Pays basque, décidant de vivre d’investissements immobiliers. Identifier le prix à payer permet souvent de distinguer la vocation de l’imitation basée sur l’envie de faire comme les autres. Cela permet aussi de vérifier qu’on n’est pas dans le dépit de ne pas assumer sa vie actuelle, en croyant à tort que l’herbe est plus verte ailleurs… Le prix à payer se traduit souvent par une période longue et troublée de remise en cause personnelle, de perte de repères, de découverte d’un nouvel environnement conduisant à plus d’incertitudes et de peurs particulièrement liées au besoin d’une sécurité financière… Se reconnecter à une vocation qui nous inspire nous permet alors de tenir.

Ces étapes de progrès peuvent se mesurer concrètement sur la construction de nouvelles compétences, comme apprendre la gestion de la location et de l’investissement dans l’immobilier pour Ana. Et aussi construire les alliances pertinentes, tant au niveau professionnel que personnel, nos proches pouvant être nos meilleurs soutiens… ou des freins très forts.

Rester ouvert et s’adapter aux surprises de la vie n’est pas contradictoire avec une telle organisation. L’exemple de Stéphane*, 35 ans, directeur d’un restaurant en région parisienne, montre qu’il est possible de dépasser ainsi ses espoirs initiaux. Sa femme a un vrai talent de pâtissier, et leur projet est devenu un projet de couple. Ils s’imaginent s’installer en Savoie pour racheter un salon de thé. Lui gérera la salle tandis que sa femme sera aux fourneaux. Depuis plus de deux ans, ils écument la région pendant leurs vacances. Ils y ont développé un réseau les renseignant tant sur le marché que sur les ventes de fonds de commerce.

Plus un changement s’annonce important, plus le risque d’échouer s’accroît. Changer à la fois de statut professionnel, pour passer de salarié à entrepreneur, tout en déménageant dans une autre région, ou passer de la ville à la campagne, multiplie la complexité du changement… S’organiser signifie mesurer et gérer chacune de ces dimensions, pour les digérer à son rythme.

Faire partir le changement de soi. Enfin, si nous souhaitons vivre une vie extraordinaire, que faisons-nous concrètement pour rendre notre vie extraordinaire, dès maintenant ? Ce changement part de nous avant tout. Cédric*, entrepreneur à succès, a mis une dizaine d’années pour fonder et diriger une entreprise internationale de plusieurs centaines de salariés, aujourd’hui leader dans son secteur informatique. Installé à New York, il consacre une très grande majorité de son temps et de son énergie à assumer de hautes responsabilités. Ce que nous pourrions qualifier de réussite est le résultat de nombreuses expériences, d’échecs et de pratiques répétées encore et encore avec discipline. Je ne connais personne qui ait changé de vie pour vivre ses rêves sans avoir déployé persévérance et détermination. Angela Duckworth, professeur de psychologie à l’université de Pennsylvanie, a identifié que la caractéristique clé du succès chez les enfants, étudiants et adultes n’est pas l’intelligence sociale ou le QI, mais bien la ténacité, qu’elle définit comme la passion et la persévérance à mettre en œuvre une vision à long terme. Ce principe synthétise les éléments que nous venons de développer : trouver notre vocation, nous structurer en compétences et en alliances pour évoluer pas à pas, puis passer à l’action massive.

Le bon sens commun nous rappelle enfin que nous ne sommes pas tous des Nelson Mandela ou des Elon Musk, le créatif patron de Tesla ; ce qui nous inspire et nous touche est différent pour chacun. Il est même possible de changer de vie tout en conservant son travail, son lieu de résidence, ses relations avec ses proches. Chaque existence peut gagner en sens et en inspiration, par un dépassement au quotidien, par la volonté de se remettre au sport, d’apprendre une langue, de contribuer activement à une communauté, ou encore d’arrêter une addiction… À tout âge, dans tout contexte, il nous est possible d’évoluer, de grandir, et d’inspirer notre environnement, donc de changer de vie, car nous n’avons qu’une vie ! 

*Les prénoms ont été changés.

 

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