La paix plutôt que la guerre ? Envisager la situation au Proche-Orient sous cet angle serait une affiche alléchante, si la réalité têtue n’alignait pas de nouveaux nuages sombres au-dessus de la tête des principaux acteurs. En décidant fin décembre de reconnaître Jérusalem comme la capitale de l’État hébreu, Donald Trump a compliqué toute possibilité d’avancée entre les protagonistes de cette tragédie. Le président américain savait qu’il touchait, si on peut dire, au saint des saints du conflit. « Par sa charge symbolique sans égale, Jérusalem est la clé de la paix entre Israéliens et Palestiniens », rappelait aussitôt l’ambassadeur de France auprès de l’ONU, François Delattre, ajoutant que sans accord sur Jérusalem, aucun accord global ne serait possible. Pour être franc, le serpent de mer du processus de paix ne bougeait plus beaucoup depuis plusieurs années. Trump n’aura piétiné qu’un scénario moribond. En assénant le 2 janvier que les Palestiniens ne pourraient plus discuter du statut de Jérusalem, « le Donald » a enfoncé le clou. Profitant de la faiblesse et des divisions du Hamas comme du Fatah, il a évacué leurs desiderata d’un coup de tweet. C’est pour satisfaire la frange évangéliste et nationaliste de son électorat que Trump a pris cette option.

Après le froid, un peu de tiédeur : l’année écoulée aura confirmé un certain réchauffement entre Israël et les monarchies du Golfe, l’Arabie saoudite du jeune prince héritier Mohammed Ben Salman en tête. L’amour se mesurant aux preuves qu’on en donne, nous sommes encore loin de conditions idylliques. Mais, par petites touches significatives, on a assisté en 2017 à nombre d’échanges entre officiels israéliens et dignitaires arabes. 

Comme au cinéma, la crédibilité du scénario tient cependant au jeu des acteurs, à leur qualité comme à leur sincérité. Or, dans cet Orient réputé compliqué, une idée simple, voire simpliste, a émergé. Le film pourrait s’appeler Haro sur l’Iran. On y verrait un Netanyahou agiter le péril perse pour des raisons de politique interne, relayant ainsi les craintes externes de Riyad face à un axe reliant Téhéran à Damas en passant par Bagdad et Beyrouth. L’Iran est l’ennemi du jour qui cimente les ennemis d’hier, selon le fameux adage « les ennemis de mon ennemi sont mes amis »… Mais pour combien de temps ? Au Yémen, au Liban comme au Qatar, l’Arabie saoudite se signale par une politique étrangère désastreuse. L’Iran, vainqueur de Daech, doit affronter une crise aux ferments révolutionnaires. Les manifestations populaires qui font tache d’huile dans le pays révèlent une grave défiance envers la République islamique. Si l’« ennemi » iranien implose, les cartes seront de nouveau rebattues. Dans le sens du pire ? C’est ce que craint Emmanuel Macron quand il fustige la position des États-Unis, d’Israël et de l’Arabie saoudite sur le nucléaire, porteurs selon lui d’« un discours qui va nous conduire à la guerre en Iran ». Rien que ça. 

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