Bombes sur qui ?
Bombes sur eux !
Bombes sur qui ?
Bombes sur eux !
Bombes sur qui ?
Bombes sur eux !
Bombes sur qui ?
Bombes sur eux !

Bombes sur qui ?
Bombes sur toi !
Bombes sur qui ?
Bombes sur toi ?
Bombes à qui ?
Bombes à toi !
Bombes sur qui ?
Bombes sur toi !

Qu’est-ce qu’on fout ?
Les bombes où ?
Qu’est-ce qu’on fout ?
Les bombes où ?
Qu’est-ce qu’on fout ?
Les bombes où ?
Qu’est-ce qu’on fout !
Les bombes où ?

Qu’est-ce qu’on fout ?
Fous-leur des bombes !
Qu’est-ce qu’on fout ?
Fous-leur des bombes !
Qu’est-ce qu’on fout ?
On t’fout des bombes !
Qu’est-ce qu’on fout ?
Tu t’fous des bombes !

Bombes sur qui ?
Bombes sur toi !
Bombes sur qui ?
Bombes sur toi !
Bombes sur qui ?
Bombes sur toi !
Bombes à qui ?
Bombes à toi !
Mai 1971

 

Fermez un instant ce journal. Et retournez à Internet. Pour écouter Allen Ginsberg réciter Hum Bom !, et sentir toute la puissance comique de cette charge politique. Les pronoms s’y mélangent dans une suite d’exclamations et d’interrogations à l’allure d’onomatopées. De quoi dénoncer l’absurdité de toute posture martiale et le danger des escalades verbales. Le poème, dont seule la première des trois parties est reproduite ici, fut terminé en 1991, juste après la guerre du Golfe. Rédigé en plusieurs fois à partir de 1971, il témoigne néanmoins des méthodes d’écriture du poète beat, camarade de Kerouac et de Burroughs, qui improvisait ses incantations à partir de la répétition de mêmes formules. Car la poésie permet parfois d’approcher l’inexprimable – l’idiotie et l’horreur. Comme le silence sur la ville d’Hiroshima, après l’explosion de Little Boy

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