En 1958, Jean-Claude Carrière coécrit la chanson Mon oncle pour Tati. De quoi payer ses dettes et le convaincre de vivre de sa plume. Parolier de Delphine Seyrig ou de Jeanne Moreau, il offre à Juliette Gréco cet hommage à Apollinaire. Et mêle la révolution à la métaphysique amoureuse – Apollinaire avait ajouté une majuscule à Espérance sur ses manuscrits. 

Sur le pont Mirabeau
Guillaume Apollinaire
Revenait de la guerre
À sa tête un bandeau

Sur le pont Mirabeau
Passe le mal-aimé
Il vient pour écouter
Les souvenirs de l’eau

Et il cherche dans l’eau
Où sont les jours de fête
Où sont les baïonnettes
Que bravait Mirabeau

Sous le pont Mirabeau
Mirabeau s’est couché
Et s’est imaginé
Un lendemain plus beau

Et Mirabeau rêvait
D’un pont Apollinaire
Pour révolutionnaire
Direction liberté

Mais la révolution
Guillaume Apollinaire
Est un cache-misère
Un refrain sans chanson

Sur la Seine apaisée
Passe des feuilles mortes
Que le courant emporte
Et des bouts de papier

Ton eau vient de Paris
Emportant vers l’oubli
Nos larmes englouties
Nos projets nos soucis

Déjà je ne vois plus
Ni mes joies ni mes peines
Que les eaux de la Seine
Ont déjà confondues

Sous le pont Mirabeau
Mirabeau dort encore
Il dort jusqu’à l’aurore
Dans son très vieux manteau

Sur le pont Mirabeau
Guillaume Apollinaire
Promeneur solitaire
Voit son reflet dans l’eau

Viennent le jour et l’heure
Et que coule le temps
Sur le pont des amants
C’est toi seul qui demeures

 

Chanson de Juliette Gréco

Paroles de Jean-Claude Carrière, musique de Gérard Jouannest

℗ 2011 Decca Records France

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