Moi enfant, je me rappelle ma mère disant du foot qu’il rendait bête. C’était après l’été quatre-vingt-quatorze, celui où mes idoles brésiliennes remportèrent la Coupe du monde avec une vista que seule la favela enseigne. Avec les autres gamins, on tapait dans la balle en imitant les Brésiliens. Même les p’tits rebeus célébraient leurs buts en se signant à la manière du pape du foot Romário. Mon paradis d’enfance, c’était le terrain et ma religion, le foot.

Un samedi de rentrée scolaire, ma mère m’emmena à la halle aux associations sportives. Elle accepta de m’inscrire au « basket-ball » car ça m’aiderait à grandir. Le mercredi suivant, j’étais le petit nouveau du gymnase. Mon premier copain, Brieuc, brisa la glace et m’apprit à pivoter sur un pied. Accessoirement, il m’apprit aussi qu’on pouvait être breton. Ils étaient neuf gamins et l’ambiance était celle des sept nains, chahuteurs et complices. Blanche-Neige s’appelait Michelle, un peu stricte mais sympa. C’est ce qu’il fallait pour gérer dix gamins espiègles et leurs vingt parents passionnés.

Et quels parents ! Ni les kilomètres, ni le stress, ni le chômage, ni la dépression, ni les divorces, ni les cancers ne les arrêtaient, ils étaient dans les tribunes tous les samedis, mais av

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