Sans doute se désolerait-il de voir les Jeux olympiques transformés en un barnum mondial. En effet, si Pierre de Coubertin les a réinventés il y a cent vingt ans, c’est en pensant d’abord à la valeur éducative du sport. Non pas dans l’approche hygiéniste de son époque, mais « pour contribuer à la pleine réalisation de la personne ». 

Le célèbre baron fut avant tout un pédagogue, au point d’écrire en 1922 un livre intitulé Pédagogie sportive qui en fait le père d’une philosophie générale de l’éducation et du sport. « Le sport,écrit-ilen préambule, faisant appel à la contrainte sur soi-même, au sang-froid, à l’observation… relève de la psychologie autant que de la physiologie et peut réagir sur l’entendement, le caractère et la conscience. Il est donc un agent de perfectionnement moral et social ! »

Toute sa vie durant, la pédagogie sera son obsession. En 1906, il fonde l’Association pour la réforme de l’enseignement. La même année, il publie L’Éducation des adolescents au xxe siècle. En 1923, il écrit : « Le sport en France sera intellectuel ou il ne sera pas. » En 1925, devenu président de l’Union pédagogique universelle, il met au point la Charte de la réforme pédagogique. Avec ce premier paragraphe : « Dans l’état actuel du monde, de l’Europe en particulier, aucune réforme, d’ordre politique, économique ou social, ne pourra être féconde, sans une réforme préalable de la pédagogie. »

En vérité, c’est le combat de toute une vie. Celle d’un homme certes de son temps – colonialiste et misogyne – mais aussi visionnaire en matière de sport et de formation. Le grand écrivain japonais Haruki Murakami, auteur du monumental Kafka sur le rivage, l’a-t-il lu ? On pourrait le croire quand ce marathonien forcené écrit dans Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, paru chez Belfond en 2009 : « Je suis un homme de type physique, pas un intellectuel. [...] C’est seulement lorsque je suis physiquement aux prises avec un fardeau concret et que mes muscles protestent (et quelquefois hurlent) que mon compteur intellectuel grimpe un tant soit peu et qu’enfin je me dis : “ça y est, j’ai compris !” » 

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