Dans le Coran, un vice et un délice

Il est fait allusion au vin dans 6 des 114 sourates du Coran (numérotées de la plus longue à la plus courte). Ces références sont ambivalentes, comme la boisson elle-même : un danger et un péché par les excès qu’elle entraîne, mais aussi un délice et même « un Signe pour un peuple qui comprend ». Voici les principaux versets consacrés à l’ivresse et au vin, dans la traduction de Denise Masson, certains critiques, d’autres favorables.

 

II - « La vache »

219 Ils t’interrogent au sujet du vin et du jeu de hasard ; dis :
« Ils comportent tous deux, pour les hommes,
un grand péché et un avantage,
mais le péché qui s’y trouve est plus grand que leur utilité. »

 

IV - « Les femmes »

43 Ô vous qui croyez !
N’approchez pas de la prière, alors que vous êtes ivres
– attendez de savoir ce que vous dites !  –

 

V - « La table servie »

90 Ô vous qui croyez !
Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées
et les flèches divinatoires
sont une abomination et une œuvre du Démon.
Évitez-les…
– Peut-être serez-vous heureux –
91 Satan veut susciter parmi vous l’hostilité et la haine
au moyen du vin et du jeu de hasard.
Il veut ainsi vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière.
– Ne vous abstiendrez-vous pas ? –

 

XVI - « Les abeilles »

67 Vous retirez une boisson enivrante
et un aliment excellent
des fruits des palmiers et des vignes.
– Il y a vraiment là un Signe pour un peuple qui comprend ! –

 

XLVII - « Muhammad »

15 Voici la description du Jardin promis à ceux qui craignent Dieu.
Il y aura là des fleuves dont l’eau est incorruptible,
des fleuves de lait au goût inaltérable,
des fleuves de vin, délices pour ceux qui en boivent,
des fleuves de miel purifié.

 

LXXXIII - « Les fraudeurs »

25 On leur donnera à boire un vin rare, cacheté
26 par un cachet de musc
– ceux qui en désirent peuvent le convoiter –
27 et mélangé à l’eau de Tasnim,
28 une eau qui est bue par ceux qui sont proches de Dieu.

 

Le Coran, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade » traduction française de Denise Masson

 

© Éditions Gallimard, 1967

Dans le Cantique des cantiques, une métaphore de l’amour

Fixés par écrit au ive siècle avant notre ère et situés au milieu de la Bible, entre l’Ecclésiaste et la Sagesse de Salomon, les chants qui composent le Cantique des cantiques sont un dialogue fervent entre la bien-aimée et le bien-aimé, rythmé par le chœur. Le vin y est une métaphore de l’amour, qui court du début à la fin.

 

La bien-aimée :

1 2 Qu’il me baise des baisers de sa bouche !
Tes amours sont plus délicieuses que le vin.
4 Entraîne-moi sur tes pas, courons !
Le roi m’a introduite en ses appartements ;
tu seras notre joie et notre allégresse.
Nous célébrerons tes amours plus que le vin.
6 Ne prenez pas garde à mon teint basané :
c’est le soleil qui m’a brûlée.
Les fils de ma mère se sont emportés contre moi,
ils m’ont mise à garder les vignes.
Ma vigne à moi, je ne l’avais pas gardée !
2 15 Attrapez-nous les renards,
les petits renards
ravageurs de vignes,
car notre vigne est en fleur.

 

Le bien-aimé :

5 1 J’entre dans mon jardin,
ma sœur, ô fiancée,
je récolte et mon baume,
je mange mon miel et mon rayon,
je bois mon vin et mon lait.

 

Le chœur :

Mangez, amis, buvez,
enivrez-vous, mes bien-aimés !

 

La bien-aimée :

6 11 Au jardin des noyers je suis descendue,
pour voir les jeunes pousses de la vallée,
pour voir si la vigne bourgeonne,
si les grenadiers fleurissent.

 

Le bien-aimé :

7 2 Que tes pieds sont beaux dans tes sandales,
fille de prince !
La courbe de tes flancs est comme un collier,
œuvre des mains d’un artiste.
3 Ton giron, une coupe arrondie,
que les vins n’y manquent pas !
9 Tes seins, qu’ils soient des grappes de raisin,
le parfum de ton souffle, celui des pommes :
tes discours, un vin exquis !

 

La bien-aimée :

12 Viens, mon bien-aimé,
allons aux champs !
Nous passerons la nuit dans les villages,
dès le matin nous irons aux vignobles.
Nous verrons si la vigne bourgeonne,
si ses pampres fleurissent.
8 1 Ah ! que ne m’es-tu un frère,
allaité aux seins de ma mère !
Te rencontrant dehors, je pourrais t’embrasser,
sans que les gens me méprisent.
Je te conduirais, je t’introduirais
dans la maison de ma mère, tu m’enseignerais !
Je te ferais boire un vin parfumé,
ma liqueur de grenades.

 

Appendices

8 11 Salomon avait une vigne à Baal-Hamôn. Il la confia à des gardiens, et chacun devait lui remettre le prix de son fruit, mille sicles d’argent. 12 Ma vigne à moi, je l’ai sous mes yeux : à toi Salomon les mille sicles, et deux cents aux gardiens de son fruit.

 

La Bible de Jérusalem, traduction française sous la direction de l’École biblique de Jérusalem
© Éditions du Cerf, 1998

 

 

 

 

 

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