[Libre-service]
Temps de lecture : 2 minutes
Dans chaque supermarché, une statue devrait être érigée à la mémoire de l’Américain Clarence Saunders. C’est à cet épicier de Memphis (Tennessee) – gloire lui soit rendue ! – que l’on doit l’invention du libre-service en 1916. « Laissez le client se servir lui-même, il fera le travail à votre place », affirmait-il. Son enseigne, qui portait le nom intraduisible de Piggly Wiggly, avec un petit cochon souriant pour emblème, avait adopté le principe du cash and carry (« payez et emportez »). On ne discutait pas le prix des articles, qui étaient emballés, étiquetés et posés sur des étagères.
Encore fallait-il les transporter jusqu’à la caisse. Et c’est là qu’est intervenu, vingt ans plus tard, un deuxième inventeur, Sylvan Nathan Goldman, qui mériterait lui aussi un buste en tête de gondole. Ce propriétaire de la chaîne de supermarchés Humpty Dumpty à Oklahoma City s’est inspiré, dit-on, des chaises pliantes en bois qui se trouvaient dans son bureau. Aidé d’un mécanicien, il a construit une structure en métal, flanquée de quatre roues et d’un panier. Le premier chariot de magasin était né. Les achats terminés, l’engin ne prenait guère de place, car le châssis était replié comme les chaises et les paniers emboîtés. Mais les clients rechignaient. Les hommes craignaient d’apparaître efféminés en pilotant des poussettes, tandis que les femmes en avaient assez de promener des landaus. Pour vaincre ces réticences, l’habile Goldman comptait sur l’éducation par l’exemple : des figurants des deux sexes et d’âges différents sillonnaient les allées de ses magasins avec des chariots. Lesquels ont fait, depuis lors, bien du chemin…
En disant « le client fera le travail à votre place », Clarence Saunders n’imaginait pas à quel point sa prophétie se réaliserait. Aujourd’hui, l’acheteur peut scanner lui-même les produits qu’il a choisis et payer tout seul, avec sa carte bancaire ou son téléphone, à une caisse automatique. La marque Piggly Wiggly, dont se réclament désormais plus de 500 supermarchés aux États-Unis, n’a cependant pas changé d’emblème. Sacré petit cochon !
« Neuf Français sur dix sont préoccupés par leur pouvoir d’achat »
Agathe Cagé
La politiste Agathe Cagé, qui a récemment publié l’ouvrage Classes figées : comprendre la France empêchée, revient sur les difficultés quotidiennes et le rétrécissement des horizons auxquels font face aujourd’hui l’immense majorité des Français qui se retrouvent dans les supermarchés.
[Libre-service]
Robert Solé
Dans chaque supermarché, une statue devrait être érigée à la mémoire de l’Américain Clarence Saunders. C’est à cet épicier de Memphis (Tennessee) – gloire lui soit rendue ! – que l’on doit l’invention du libre-service en 1916. « Laissez le client se servir lui-même, il fera le travail à votre pla…
1. Première ligne, premières loges
En poster de ce numéro, nous présentons une synthèse en cinq chapitres de l’enquête saisissante réalisée par le cabinet Georges pour la coopérative Système U. Un document qui illustre la façon dont les supermarchés sont parmi les endroits où se manifestent le plus particulièrement la d…