Il y a quelques années, nous découvrions le wok, d’origine chinoise. Cette poêle à haut bord permet de bien répartir la chaleur pour cuire ou frire toutes sortes de préparations.

Voici maintenant le woke, de fabrication américaine, qui fait monter la température à sa manière. Cette mobilisation contre les discriminations ou les injustices subies par des minorités amène à dénoncer, boycotter, voire censurer un individu ou une œuvre jugé raciste, sexiste, homophobe ou transphobe.

La « culture de l’effacement » (cancel culture) a failli être fatale à Napoléon, ce grand misogyne, ce fossoyeur de la République, qui avait rétabli l’esclavage. À l’occasion d’une restauration, sa statue équestre géante, sur le parvis de l’hôtel de ville de Rouen, devait être remplacée par une œuvre idéologiquement plus correcte, consacrée à l’avocate féministe et anticolonialiste Gisèle Halimi. Mais 68 % des participants à la consultation citoyenne organisée par le maire (PS), Nicolas Mayer-Rossignol, se sont prononcés pour le maintien de l’empereur. Lequel est remonté sur son socle en juillet 2022, plus beau qu’il ne l’avait jamais été, après une restauration très réussie qui a coûté quelque 300 000 euros.

L’espace de quelques jours, sur le piédestal vide, le plasticien Mieszko Bavencoffe avait représenté Napoléon en livreur Deliveroo pratiquant une acrobatie sur son vélo. Une performance éphémère, appelée à disparaître, mais n’ayant rien à voir avec la culture de l’effacement.

L’affaire de la statue équestre a au moins permis de débattre pendant deux ans des crimes et mérites de Napoléon. Morale de ce déboulonnage avorté : il vaut mieux déchiffrer l’Histoire, ou même s’en amuser, plutôt que chercher à l’effacer. 

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