En 1970, l’écrivain, sur le point d’écrire Crash !, souhaite tester son hypothèse selon laquelle les collisions automobiles seraient la source de fantasmes sexuels puissants mais refoulés en exposant dans une galerie londonienne des carcasses accidentées. Une hôtesse aux seins nus est chargée de recueillir les impressions des visiteurs.« Les voitures subirent des attaques continuelles – un groupe de Hare Krishna les macula de peinture blanche, elles furent renversées, dépouillées de leurs rétroviseurs et de leurs plaques d’immatriculation. […] L’exposition n’avait été qu’un test psychologique déguisé en événement artistique, tout comme, sans doute, le requin de Hirst et le lit d’Emin. À mon avis, il n’est plus possible de troubler ou d’indigner le public par les seuls moyens esthétiques, à la manière des impressionnistes et des cubistes. Il faut lui lancer un défi psychologique menaçant une de ses illusions les plus chères, lui imposer la vision d’un drap souillé ou la coupe longitudinale d’une vache, forcée de subir une deuxième mort pour rappeler aux spectateurs les rêves qu’ils entretiennent obstinément quant à la première. »

La Vie et rien d’autre © Denoël, 2009, pour la trad. de Michelle Charrier

 

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