En 1972, Ben fait scandale en exposant un flacon d’urine au Grand Palais. Cette exposition, voulue par Georges Pompidou, était conçue comme la vitrine de l’art contemporain en France. Beaucoup d’artistes refusèrent d’y participer, dénonçant un « art d’État ». Un certain nombre entreprirent de barrer l’entrée de l’exposition, la police fut appelée pour intervenir… Aujourd’hui, le flacon d’urine de Ben ne ferait pas même lever un sourcil. Le public, les galeristes, les organisateurs d’expositions se sont habitués aux provocations. J’ai souvent entendu des amateurs d’art le regretter, et déplorer une atmosphère si apaisée qu’elle en serait presque ronronnante.

Pourtant l’art continue de choquer, mais selon des modalités très différentes. Il ne s’agit plus d’artistes désireux de prendre à partie le public, comme au temps des dadaïstes ou des surréalistes. C’est plus souvent sous l’effet d’une instrumentalisation que naît le scandale. Un artiste ou une œuvre sont pris en otage par des organisations de la société civile qui s’en servent pour faire passer leurs messages et réclamer une censure que les institutions ne demandent pas.

C’est

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