LE REGRETTÉ Donald Trump l’appelait « Sleepy Joe » (Joe l’endormi). On découvre, au contraire, que ce mollasson présumé court vite, et même très vite. Il a parfois devancé la musique : faisant mieux que sa promesse, il a réussi à faire vacciner cent millions d’Américains en moins de cent jours.

Rien, dans la constitution des États-Unis, n’oblige le président élu à changer le cours des choses dans un délai aussi court, alors que son mandat est de quatre ans. Mais depuis que Franklin Delano Roosevelt a lancé le New Deal en 1933 et fait adopter 76 projets de loi en cent jours, c’est devenu un rituel : le candidat à la Maison-Blanche associe ce nombre magique à ses promesses. Et les médias le prennent au mot, l’observant à la loupe pendant treize semaines, au lieu de lui accorder un état de grâce.

L’obsession des cent jours s’est étendue à d’autres pays et ne se limite pas à la politique. Franck Riboud, l’ancien patron de Danone, remarquait avec agacement : « Peu de choses poussent en trois mois, à l’exception des ronces. »

On parle des cent premiers jours, jamais des cent derniers. Donald Trump s’y est pourtant surpassé, battant tous ses records de vulgarité et d’irresponsabilité. Faut-il rappeler que les Cent-Jours de Napoléon se sont terminés à Waterloo ?

On se focalise sur ce nombre rond, mais ça ne fait après tout que 99 + 1. John Kennedy était à cent lieues de penser que la CIA l’entraînerait, au 87e jour de son mandat, dans la désastreuse opération de la baie des Cochons. Quant à Ronald Reagan, il a été victime, 69 jours après le début de sa présidence, d’un attentat qui a failli lui coûter la vie. En un mot comme en cent, personne, pas même le chef de la première puissance mondiale, n’est maître des horloges.  

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