Entouré lors des cérémonies de gardes en tenue ancestrale portant casque et hallebarde, il ne déteste pas qu’on le surnomme « le sultan ». Autocrate, doté d’une Constitution sur mesure qui lui confère quasiment les pleins pouvoirs, Recep Tayyip Erdoğan aime évoquer la grandeur de la nation turque. Comme l’un de ses modèles, le sultan Mehmet II, qui prit Constantinople aux Byzantins en 1453, le président turc rêve d’étendre son fief, mais en sens inverse, vers l’Orient, depuis les rives du Bosphore où il a lancé sa conquête du pouvoir dans les années 1990. L’offensive lancée contre les Kurdes en Syrie obéit certes à une logique de puissance qui entend gagner du terrain sur ses marches, mais, soutenue par une grande partie de la population turque, elle correspond aussi et surtout à une stratégie d’ostracisme soigneusement mise en scène par le chef de l’État.

Islamo-conservateur et tribun hors pair, Erdoğan avait tendu la main voici quelques années aux Kurdes de Turquie. Depuis, il tient une partie de la communauté pour responsable

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