DÈS que ce pauvre Donald Trump ouvre la bouche, tout le monde lui tombe dessus. Ce qu’il a dit à propos du lâchage des Kurdes par les États-Unis était pourtant frappé au coin du bon sens : « Ils ne nous ont pas aidés pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ne nous ont pas aidés en Normandie. » Qui oserait affirmer le contraire ? Je vous parie que la plupart des Kurdes seraient incapables de situer Omaha Beach sur une carte. On pourrait ajouter qu’ils s’étaient bien gardés de participer à la guerre d’indépendance américaine puis à la guerre de Sécession. Et on ne les a pas beaucoup vus, que je sache, aux côtés de John Wayne lors de la conquête de l’Ouest ! Libres à leurs descendants de s’en mordre les doigts maintenant, mais ces erreurs-là ne se rattrapent pas.

« Cela dit, nous aimons les Kurdes », a conclu Donald Trump. Des mots qui sont certainement allés droit au cœur des intéressés, tandis qu’une pluie de bombes turques s’abattait sur eux. Pour plus de force, le président américain aurait pu le formuler en kurde. Mais il sait – il sait tout, Donald – que cette langue est partagée en de nombreux dialectes ou sous-dialectes : le kurmandji , le sorani, le zazaki, le lori, le gurani, le bakhtiari… Par écrit, un tweet aurait posé un problème similaire, car certains Kurdes se servent de l’alphabet latin, d’autres de l’alphabet arabo-persan, et d’autres encore, en Arménie ou en Géorgie, de l’alphabet cyrillique.

Oralement en tout cas, et en anglais, le message de Trump est passé. Tout le monde a compris ce que recouvre cette déclaration d’amour, à laquelle le sympathique Recep Tayyip Erdoğan aurait pu s’associer : qui aime bien châtie bien. 

 

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