La grande pauvreté
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Qu’est-ce qui nous tracasse dans les injures proférées à l’Assemblée nationale ? Leur outrance ? L’hémicycle en a entendu d’autres : « abruti », « crapule », « larbin », « voleur », « salaud », « jean-foutre », « foutriquet », « turlupin »… autant de noms d’oiseaux qui émaillent les archives. Ils ne nous font pas oublier les apostrophes si recherchées qu’elles déclenchaient le rire sur tous les bancs : « Le général Weygand est le seul soldat inconnu vivant », persifla Pierre Cot ; « Le programme du Parti socialiste est inscrit sur la devanture d’une gargote lyonnaise : “restaurant ouvrier, cuisine bourgeoise” », brocarda Édouard Herriot ; et Arlette Laguiller : « Avec la droite, c’est amer, avec la gauche, c’e
« Il faut réapprendre à parler l’humain »
Monique Atlan
Roger-Pol Droit
La journaliste Monique Atlan et le philosophe Roger-Pol Droit estiment que nous arrivons aujourd’hui à un tournant anthropologique majeur avec l’avènement d’une parole de plus en plus déconnectée de ce qui fait son fondement, à savoir l’échange.
[Fléchettes]
Robert Solé
Il y a deux manières de se démarquer de la langue de bois qui est si souvent reprochée aux responsables politiques. La première est de hausser le ton, de se montrer agressif, voire outrancier, pour se poser en ennemi du système et porte-parole des sans-voix.
« Exclure quelqu’un de la langue, c’est l’exclure tout court »
Béatrice Fracchiolla
Professeure à l’université de Lorraine, Béatrice Fracchiolla revient ici sur les pratiques langagières et les phénomènes techniques et sociaux qui favorisent cette violence, mais montre aussi comment il est possible, dans une certaine mesure, de la désamorcer.