La violence verbale n’est pas nouvelle. Tant la fermeté des discours, la conflictualité des débats que la franche insulte se retrouvent sur l’ensemble de l’histoire parlementaire française. Dès 1789, la naissance soudaine d’une assemblée nationale dans un contexte révolutionnaire présageait d’une tradition véhémente et conflictuelle. C’est une différence notable avec d’autres parlements – par exemple celui du Royaume-Uni – dans lesquels une tradition aristocratique ancienne a permis la construction d’un habitus, d’une culture précise relative aux termes à employer, au rapport aux autres élus ainsi qu’aux habitudes de procédure. Même si l’histoire parlementaire en Angleterre est loin d’être parfaitement calme, la naissance de son parlement n’a pas été aussi brusque qu’en France.

Tout au long du XIXe siècle, que ce soit au sein des assemblées de la monarchie constitutionnelle, de l’Empire ou de la IIIe République, l’histoire parlementaire française est marquée par une véhémence qui verse fréquemment dans la violence verbale, car les tendances politiques avaient souvent le sentiment de jouer leur existence. Même si les partis républicains sont interdits avant 1870 et que les députés sont triés sur le volet, une opposition existe tout de même entre noblesse, aristocratie et grande bourgeoisie. Et si l’on peut imaginer un habitus de politesse ou de respect en raison de cette sociologie commune et restreinte, les différends politiques l’emportent bien souvent sur l’entre-soi. Par exemple, sous la monarchie de Juillet, les débats au sujet de l’enseignement qui opposait la vision catholique à l’esprit laïc étaient déjà enflammés. Aux premières heures de la IIIe République, les affrontements en

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