Il y a deux manières de se démarquer de la langue de bois qui est si souvent reprochée aux responsables politiques. La première est de hausser le ton, de se montrer agressif, voire outrancier, pour se poser en ennemi du système et porte-parole des sans-voix : comme le député insoumis Aurélien Saintoul, traitant le ministre du Travail d’imposteur et d’assassin, avant de présenter platement ses excuses. La seconde manière, beaucoup plus efficace, est de lâcher une petite phrase, une vacherie bien ciselée, qui ridiculise l’adversaire, fait le bonheur des médias, enflamme les réseaux sociaux et met les rieurs de votre côté. Des bons mots plutôt que des gros mots. C’est Laurent Fabius susurrant : « Parler de social à Nicolas Sarkozy, c’est comme parler cinéma à une caméra de surveillance. » C’est Xavier Bertrand, aux temps joyeux de l’UMP : « Le Parti socialiste est un parti sans leader. Bayrou est un leader sans parti. Ils sont faits pour fusionner. » Mais les pires flèches sont celles que l’on dit en privé, en étant sûr qu’elles n’y resteront pas. C’est Chirac, dégustant un verre de Corona : « Sarkozy, il faut lui marcher dessus pour deux raisons  : d’abord, il aime ça, et ensuite, ça porte bonheur. »

N’ayons pas l’hypocrisie de déplorer ces piques cruelles qui nous amusent. Elles n’ont rien à voir avec les terribles empoignades verbales de la IIIe République. Et encore moins avec l’appel au meurtre de l’indécrottable antisémite Xavier Vallat en 1936 : « Blum ! C’est le bruit que font douze balles françaises entrant dans la peau d’un traître. »

Mais, pour rester dans les citations et revenir à l’humour français, rappelons le programme de Coluche, éphémère candidat à l’élection présidentielle de 1981 : « Avant moi la France était coupée en deux. Avec moi, elle sera pliée en quatre. » 

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