Jusqu’à l’automne 2006, l’avortement thérapeutique, bien que restreint aux femmes dont la vie ou la santé était en danger et à certaines victimes de viol, était autorisé au Nicaragua. Mais depuis la loi du 26 octobre 2006, entrée en vigueur en juillet 2008, toute pratique abortive y est désormais interdite et passible de poursuites pénales.

La raison de ce durcissement ? À l’approche des élections générales en novembre 2006, la candidature du sandiniste Daniel Ortega venait faire de l’ombre aux partis libéraux alors au pouvoir. Pour conserver le soutien des groupes catholiques et évangéliques dans ce pays à forte majorité chrétienne (plus de 80 %), la décision est prise d’entériner rapidement l’interdiction totale de l’avortement.

Malgré les protestations de nombreuses associations, notamment médicales, et la victoire de l’ancien parti révolutionnaire sandiniste, le Code pénal nicaraguayen est modifié et supprime l’ensemble des exceptions qui permettaient aux femmes d’avorter. Quelles que soient les circonstances, toute pratique abortive est durement punie, condamnant les femmes dont la grossesse présente des complications à courir de graves risques et à se tourner vers l’avortement clandestin, quitte à être poursuivies et incarcérées pour cela.

En 2010, le cas d’une jeune femme enceinte de 27 ans fait la une des journaux

Défendue à leur tour par les sandinistes après leur victoire aux élections afin de garder les faveurs des instances religieuses, cette législation va jusqu’à proscrire tout acte médical prodigué qui entraînerait la mort du fœtus. Les professionnels de santé se retrouvent alors devant un choix cornélien : sauver la femme en provoquant un avortement et risquer jusqu’à dix ans de prison ferme, ou refuser toute intervention afin d’éviter l’incarcération et la radiation professionnelle en laissant mourir la femme et l’enfant.

En 2010, le cas d’une jeune femme enceinte de 27 ans fait la une des journaux : atteinte d’un cancer très avancé, celle-ci s’est vu refuser une chimiothérapie, ce traitement agressif pouvant mettre en danger le fœtus et donc considéré comme une forme d’avortement. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !