Un jour, une cousine éloignée m’a contactée. « J’ai été violée par mon père entre 4 et 14 ans », m’a-t-elle dit au téléphone. « Bienvenue au club », lui ai-je répondu, même si l’inceste dont j’avais été victime obéissait à des modalités fort différentes. Nous partagions une histoire de maltraitance. Et surtout la même famille. Y avait-il d’autres victimes autour de nous ? Ma cousine est venue chez moi. Nous nous sommes assises sur le tapis et avons inscrit sur une grande feuille les membres de notre famille sur trois générations. Après quelques mois d’enquête téléphonique, la liste des victimes probables n’en finissait pas de s’allonger. Personne n’était indemne. Manifestement, notre famille engendrait des pervers comme d’autres fabriquent des yeux bleus. J’ai donc écrit La Fabrique des pervers pour essayer de comprendre ce qui avait gangrené toute cette lignée.

J’ai d’abord mis en évidence un sentiment d’impunité originel inoculé par l’ancêtre de la tribu : en 1870, il av

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