« 5 à 10 % de victimes… L’inceste traverse toute la société »
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Comment définissez-vous l’inceste ?
Si l’on veut sortir des généralités, la réponse n’est pas simple. Nous avons beaucoup travaillé, avec l’association Arevi (Association d’action/recherche et échange entre les victimes de l’inceste), pour trouver un cadre précis : « L’inceste est une relation sexuelle entre un enfant, généralement, et un membre de sa famille ou de son entourage familial. » Ce qui signifie aussi bien des ascendants (parents, grands-parents, beaux-parents ou tuteurs) que des collatéraux (oncles, tantes, frères, sœurs, cousins, cousines), et cela peut s’étendre jusqu’à des personnes entretenant des relations de confiance ou d’autorité, voire les deux à la fois…
Et l’acte d’inceste ?
Il existe dès qu’une conduite à caractère sexuel est imposée à l’enfant, qu’il soit consentant ou non. Cela n’implique pas obligatoirement une pénétration. L’inceste commence avec le premier geste déplacé, que l’enfant ressent comme tel mais qu’il ne réussit souvent à conscientiser et à nommer que bien plus tard.
Que sait-on de l’étendue de la pratique de l’inceste ?
Là, pour le coup, c’est assez simple. Depuis que nous disposons d’enquêtes, c’est-à-dire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et dans de nombreux pays, on peut parler d’un invariant : 5 à 10 % des enfants vivent une situation d’inceste. C’est un point troublant : en soixante-dix ans, nos sociétés ont beaucoup évolué mais cette prévalence est inchangée. D’un pays à l’autre, d’un genre de vie à l’autre. Ni les dérives liées à la libération sexuelle des années 1970 ni l’entrée dans une nouvelle époque où l’enfant est devenu roi n’ont rien changé à cette constante.
L’inceste touche-t-il davantage les milieux défavorisés ?
Non, cela traverse l’ensemble de la société à parts absolument égales. L’alcool et la promiscuité n’y changent rien. Ce n’est pas parce qu’on dort à trois ou quatre d
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