La légende veut que Louis Pasteur (1822-1895) ait toujours refusé de serrer les mains. Ce grand savant, avec le recul, a tout compris et inventé pour le temps présent : l’hygiène et la vaccination. Intuitif et rationnel, il a très tôt deviné le rôle majeur des micro-organismes invisibles à l’œil nu. Armé de son microscope, il a découvert le monde de l’infiniment petit, le rôle des microbes, des bactéries, des germes… Avec lui, la science moderne prend forme : microbiologie, immunologie, stéréochimie, sans compter l’asepsie. À l’âge de 43 ans, en étudiant le processus de fermentation, il invente une méthode permettant la conservation des produits alimentaires. Une découverte d’utilité publique qui portera son nom : la pasteurisation !

La gloire et la reconnaissance viendront plus tard, avec la mise au point du vaccin contre la rage. Pasteur devient alors un héros vivant. Mais entre-temps, celui dont on célèbre aujourd’hui le bicentenaire de la naissance aura inventé la figure du savant contemporain. L’un des premiers, il associe à ses travaux des chercheurs de toutes les disciplines. Ce chimiste a l’intelligence de s’entourer de physiciens et de médecins et il n’hésite pas à recruter de jeunes doctorants étrangers. Cet orgueilleux comprend l’intérêt de la discussion, voire de la contestation. Il innove en se mettant au service du monde agricole, qui lutte désespérément contre les maladies de la bière et du vin ou du ver à soie, contre le choléra des poules ou le charbon. Il obtient la construction de laboratoires dignes de ce nom. Il crée des sociétés, dépose des brevets et réinvestit ses bénéfices dans de nouvelles recherches. « Il met toujours la science au centre », relève l’historienne Annick Perrot dans le grand entretien qu’elle nous a accordé. Et la science en sort grandie.

Très tôt, Pasteur a saisi que les recherches doivent bénéficier de publicité. Bref, qu’il ne suffit pas de découvrir mais qu’il faut encore démontrer et faire savoir. Discussions et publications savantes, exposition des preuves, polémiques, il ne refuse rien. Au risque de s’approprier la primauté d’une découverte faite par un autre dont il ignore, parfois, les travaux. On découvre avec lui que la science est une chaîne de savoirs, un passage de témoins permanent. C’est bien la figure de ce savant indomptable que ce numéro exceptionnel du 1 vous invite à découvrir ! 

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