Comment Molière est-il devenu Molière ?

Tout est parti d’un échec, ça marche toujours comme ça. Il était le fils d’un tapissier du roi, il a créé un théâtre qui, bien sûr, n’a pas marché. Après avoir fait de la prison pour dettes, il est parti en province et c’est là qu’il a commencé à tout apprendre, notamment le jeu d’improvisation. Il a découvert qu’il possédait un talent comique irrésistible. Molière était un petit nerveux capable de déformations du visage désopilantes – on pourrait le rapprocher de Chaplin ou de De Funès. Il a suivi sur le tas une formation longue, peut-être pas si difficile que ce que montre le film d’Ariane Mnouchkine, mais il y a quelque chose de cet ordre. Ajoutons qu’il avait une vraie culture littéraire, un goût de la lecture, une langue parlée et écrite dans un français en cours de formation.

Dans quelles conditions revient-il à Paris ?

Il bénéficie d’un alignement des planètes : une cour qui attend certes de la culture, de la conversation, de l’élégance mais qui a aussi envie de rire. Nous sortons de la guerre, avec un jeune roi qui semble alors n’avoir aucun goût pour la politique, qui court les filles et aime les ballets. Quand Molière est reçu à la cour, il joue Dom Garcie de Navarre ou le Prince jaloux, une pièce élégante dans l’esprit de la comédie à l’espagnole. Il comprend aussitôt que cela ne fonctionne pas. Alors il donne des farces à l’italienne qui déclenchent l’enthousiasme. En créant la troupe de Monsieur, le frère unique de Louis XIV, il fait exploser le monopole royal du théâtre.

Comment impose-t-il sa marque ?

Avec Les Précieuses ridicules, il esquisse le portrait de ses contemporains à travers une pièce d’actualité où se retrouvent déjà tous les éléments de son théâtre : le souvenir de la farce, le rire immédiat, des valets déguisés, des grossièretés, mais en même temps une moquerie à l’égard de la préciosité, de la mode littéraire. Et puis, l’analyse morale des mœurs, de la vie intérieure avec des jeunes femmes qui prennent leurs rêves pour des réalités.

« Il aimait les femmes pour la liberté qu’elles prenaient sous sa plume »

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