J’ai beaucoup fréquenté Molière, j’ai effectué auprès de lui un cheminement intime et régulier depuis le Conservatoire, où l’on m’avait placée dans la catégorie des soubrettes, ce qui fut une souffrance, au départ. J’ai compris plus tard que ces rôles étaient d’une grande richesse, qu’ils étaient bien plus puissants que les jeunes premières, par exemple. Je pense à Toinette dans Le Malade imaginaire, que j’ai beaucoup jouée et adorée. Ou bien à Dorine dans Tartuffe. Ces soubrettes sont de grands personnages ; elles remplacent les mères qui, à l’époque, mouraient souvent en couches. Elles sont chargées de l’éducation des enfants et les protègent de la monstruosité des pères.

J’ai commencé à vraiment saisir Molière grâce à Jean-Paul Roussillon, à qui l’on doit une extraordinaire mise en scène de George Dandin en 1970. J’avais 23 ans, je jouais Angélique au côté de Robert Hirsch, qui était Dandin. Jean-Paul Roussillon était un grand acteur et un grand metteur en scène. Il a monté un Avare absolument formidable, qui s’est joué vingt ans avec Michel Aumont dans le rôle d’Harpagon et qui a eu droit aux foudres de la presse de droite et aux éloges de la presse de gauche. Son

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