J’étais enfant, mon frère Bruno était membre du club théâtre du lycée Hoche, à Versailles, il m’a demandé de jouer le petit Carle, le valet du valet dans Les Fourberies de Scapin. C’est ainsi que j’ai découvert ce qu’était une pièce de théâtre. Je me souviens de mon étonnement devant les noms des personnages et, sous ces noms, les mots qu’ils avaient à prononcer. Ces mots, je les voyais comme des parts de gâteau. Scapin en avait une grosse part, et j’avais dû chercher longtemps la toute petite part de Carle. Molière est pour moi indétachable de cette expérience primitive. Même si je sais sa part sombre et tragique, je l’associe spontanément à la naissance idéalisée du théâtre, avec les tréteaux de foire et les tournées en province. Molière est une clé de ma vocation.

Ma deuxième pièce au Français, c’était encore Scapin, dans la mise en scène de Jean-Louis Benoît. Je jouais le rôle d’Octave, le jeune homme qui ouvre la pièce ; la première scène est très difficile, les répliques sont de quasi-alexandrins qui d’abord sonnent abstraits : « Ah ! fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux ! » Plus tard, quand j’ai mis en scène la pièce, nous avons repris cent fois cette scène, qui est à la fois

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