Merckxissimo
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MOURENX-VILLE-NOUVELLE – Rien n’est comparable à rien, et il n’y aura jamais qu’un seul Eddy Merckx dans l’histoire du sport cycliste. C’est le mystère de la création humaine, ce mystère même dont Mallarmé disait qu’« il est extraordinaire qu’on puisse en mettre tant dans tant d’éclat ». Ce qu’a réalisé hier le sublime athlète du vélo est différent de tout ce qui s’est jusqu’à ce jour inscrit sur le grand livre de la route, car Merckx a accompli un acte gratuit, dont il n’avait pas eu l’intention, et sa nouvelle intervention, non préparée, a alors tout anéanti, et la réaction des autres acteurs, et jusqu’à la notion même de la lutte.
A-t-il donc le désir d’humilier, en les écrasant, ces autres coureurs qu’il transforme en rampants ? Exprime-t-il la vanité du « mégavélomane » qui veut tout dominer, tout conquérir, tout posséder ? Que l’orgueil le guide, ce champion, c’est certain, puisque sans sa manifestation il n’y a pas de panache. Mais ce qui déclenche chez lui la volonté de l’offensive, c’est le besoin d’honorer son sport, qui n’est qu’action, de faire son métier, c’est aussi la nécessité organique de libérer ses forces. Les contenir, les économiser serait pour ce garçon tout droit une marque de paresse, voire de lâcheté, en tout cas d’hypocrisie.
Alors quand il constate, comme cela était entre Luchon et Mourenx, que les choses traînent, que les géants pyrénéens, dont la célébrité a hanté ses rêves d’enfant, il n’y a guère, sont grimpés au petit train, même si, dans de telles conditions, ils font des ravages, forçant un Gimondi mal en point, livide, à céder, il se sent obligé d’agir. Peyresourde et Aspin ayant été franchis par la horde tout entière groupée, les pentes terribles du Tourmalet ayant opéré leur propre sélection, Eddy salua le vieux et illustre col par un sprint éclatant. Si bien que, une fois encore, détaché de quelques secondes, Monsieur Tour plongea vers les fonds à sa manière souple, adroite, follement rapide par la vitesse propre que ce pédaleur hors série parvient à y rajouter. […]
LA RÉSOLUTION
Mais la descente solitaire de l’athlète en jaune avait déjà involontairement tranché ! À se retourner,
« On ne peut plus imaginer un été sans Tour de France »
Jacques Augendre
Dans quelles circonstances est né le Tour de France en 1903 ?
En réalité, le Tour est indirectement lié à l’affaire Dreyfus. À la fin du xixe siècle, le grand quotidien sportif s’appelait Le Vélo. Il était dirigé par…
Mythologies
Roland Barthes
L’étape qui subit la personnification la plus forte, c’est l’étape du mont Ventoux. Les grands cols, alpins ou pyrénéens, pour durs qu’ils soient, restent malgré tout des passages, ils sont sentis comme des objets à traverser ; le col est trou, il accède difficilement à la perso…
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