Simplifier : c’était, en mars 2013, le mot d’ordre de François Hollande pour faciliter la vie des usagers et améliorer leurs rapports avec l’administration. Le chef de l’État parlait même d’un « choc de simplification », au risque de heurter nos oreilles. 

Simplifier, simplifier. Finis les envois de trente-six pièces justificatives à deux services différents ; finis les mois d’attente pour obtenir un permis de construire ; fini le charabia des documents officiels et les queues au guichet… Il n’y a d’ailleurs souvent plus de guichet, ce « grillage métallique » que Péguy comparait à une barricade « séparant en deux le bon peuple de France ». 

Simplifier, c’est essentiellement dématérialiser. De plus en plus, tout se fait « en ligne » : obtenir un renseignement ou un certificat, remplir sa feuille d’impôt, payer une amende, déposer une pré-plainte pour cambriolage… 

La France paperassière ne sera-t-elle bientôt plus qu’un souvenir ?

Au bout du fil, il n’y a plus personne. Pour une réclamation, tapez 1 ; pour une annulation, tapez 2… Écrans et robots remplacent des fonctionnaires en chair et en os. Pour les usagers les plus âgés, imperméables à la Toile, la « simplification » complique bien les choses.

Malgré ce grand bouleversement, les clichés ont la vie dure. Le mot « fonctionnaire » continue à suggérer des manches de lustrine et des ronds-de-cuir. La paresse et l’oisiveté présumées de l’agent public inspirent encore les humoristes, cent ans après le compliment de Clemenceau : « Les fonctionnaires sont les meilleurs maris : quand ils rentrent le soir à la maison, ils ne sont pas fatigués et ont déjà lu le journal. » 

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