L’exécution de Samuel Paty est une blessure française, funeste réplique de l’attaque meurtrière contre Charlie Hebdo. La décapitation d’un professeur non loin de son collège a produit une effraction dans notre pacte républicain. Au-delà de l’abomination du crime, la succession des faits nous oblige à un (tardif) examen de conscience. Cet attentat trouble, car il mêle, pour la première fois aussi clairement, plusieurs sphères de l’islam radical : des parents salafistes qui veulent se séparer de la république laïque pour pratiquer leur culte rigoriste ; l’un de ces dirigeants islamistes, Abdelhakim Sefrioui, qui exploitent les difficultés de notre société pour progresser dans leur projet hégémonique ; un tueur de 18 ans, peut-être actionné depuis la Syrie, mais dont le portrait complet reste à faire ; et des enfants égarés dans ce fatal engrenage, les premiers s’insurgeant contre le cours sur la liberté d’expression de M. Paty, les derniers désignant la victime à son bourreau. En onze jours, le temps qu’il aura fallu pour qu’une leçon d’histoire déclenche un massacre, nos territoires délaissés, perdus ou conquis – peu importe la dénomination –, auront donné à voir leur visage le plus effrayant.

C’est pourquoi le 1 a voulu mieux connaître cette mouvance islamiste, ses composantes, sa progression et son véritable pouvoir de nuisance dans ses domaines d’expansion favoris que sont l’éducation, le sport et la santé. Une enquête menée en 2016 par l’institut Montaigne dessinait un panorama, confirmé par d’autres études : en France, environ un quart des musulmans, plutôt jeunes, expriment, à des degrés divers, une hostilité à l’égard de la République. Olivier Roy, spécialiste de l’islam et des monothéismes, dresse un tableau complet de ces réfractaires à la laïcité. Il forme le vœu que la contre-offensive en cours ne se transforme pas en « une invocation incantatoire aux valeurs de la République » et s’en tienne aux strictes voies du droit.

Ayant vécu dans une monarchie constitutionnelle avant la prise de pouvoir des talibans, l’écrivain et cinéaste franco-afghan Atiq Rahimi connaît les atrocités commises au nom d’Allah. C’est pourquoi au mot « islamiste » qui lui paraît être un voile de dissimulation, il préfère « djihadiste » : pour lui, une pente fatale mène le croyant fanatisé jusqu’au chemin des martyrs. Quant à Eva Janadin, l’une des trois femmes imames en France, elle estime que, face au dogme d’un islam obscurantiste, un défi théologique est à relever par les musulmans pratiquants et sans doute par ces « imams républicains » que l’islam de France peine à former, des imams pratiquant leur foi dans le cadre de notre République, défini par l’article 1 de la Constitution : « indivisible, laïque, démocratique et sociale ». 

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