J’ai vu la crise agricole, celle qui emporte les producteurs, leurs animaux, leurs terres et parfois leur vie… Elle a pour moi un nom et un visage, celui de Jean Médard. Ce célibataire, voisin de ma mère, né dans une famille où l’on est éleveur de père en fils depuis des générations, arrête tout avant ses 60 ans, après quarante-deux ans dédiés à l’agriculture. « Le métier n’est plus rentable », me confie-t-il au hasard d’une rencontre en Normandie. Il a pourtant travaillé sans relâche : pas une journée de vacances, pas un week-end et seulement dix traites ratées – cas de force majeure. « J’ai toujours été là pour mes bêtes », souffle le colosse de 1,94 mètre qui se prépare à s’en séparer. Il vend ses vaches, « ses laitières », ses veaux, ses machines, ses terres. « J’en ai connu des crises, mais celle-là est plus destructrice que les autres », estime-t-il. Atterrée par ces quelques mots échangés, je veux en savoir plus et le bombarde de questions. Il se confie sans jamais s’apitoyer et me bouleverse. Il travaille quatorze

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